Revue de presse
17 Décembre 2018
La N-VA fait passer son intérêt avant la stabilité du pays
Semaine décisive pour l’orange bleue. Jeudi soir, le Premier ministre Charles Michel (MR) sera peut-être obligé de présenter au Roi la démission de son gouvernement minoritaire (MR, Open VLD, CD&V) si un vote en ce sens est exprimé par une majorité parlementaire. La N-VA a en tout cas fait son choix. Plusieurs ténors nationalistes, dont Jan Jambon dans La Libre , se sont exprimés depuis vendredi en faveur d’élections anticipées (donc avant la date prévue du 26 mai 2019). Sophie Wilmès, ministre MR du Budget, appelle, elle, à la stabilité du pays.
On connaît maintenant le positionnement de la N-VA. Va-t-on d’office vers des élections anticipées ?
En tout cas, on se rend compte que la N-VA a utilisé le pacte migratoire de l’Onu comme prétexte pour provoquer des élections.
Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
Pendant deux ans, elle n’a émis aucune critique majeure contre le pacte. Elle a accepté que le Premier ministre s’exprime à la tribune de l’Onu (le 27 septembre) pour dire que la Belgique signerait le pacte. Et ce n’est que quatre semaines plus tard qu’elle y a vu un problème, après avoir pris une déconvenue aux élections locales (le 14 octobre)…
La population ne veut pas d’élections anticipées. Ça va ajouter de l’instabilité au pays pendant une longue période puisqu’on n’imagine pas qu’un gouvernement se forme alors qu’on sera en pleine campagne électorale (pour les régionales et les européennes qui auront de toute façon lieu le 26 mai, NdlR). La N-VA a fait le calcul qu’elle a intérêt à aller vers des élections en surfant sur la question de la migration. Son intérêt électoraliste passe avant la stabilité du pays. Le MR n’a pas peur des élections. Mais nous avons à cœur d’assumer nos responsabilités et de préserver la stabilité du pays.
La N-VA est un facteur d’instabilité ?
Je la vois comme un parti d’opposition qui devra décider de quel côté elle veut se trouver face à notre volonté d’avancer. Selon elle, l’attitude agressive du CD&V et de l’Open VLD à son encontre a été un point de rupture. Avez-vous eu cette impression au sein du gouvernement ?
Ce qui est évident, c’est qu’il y a un partenaire autour de la table qui a changé d’avis sur le pacte migratoire. Un seul. Et il en a tiré ses conclusions.
Olivier Chastel s’est toujours dit favorable à une reconduction de la suédoise (MR, N-VA, CD&V, Open VLD) en 2019. Vous aussi ?
Moi, j’ai toujours dit que la première chose à faire, c’était de passer par les élections. On verra alors les majorités possibles et on se prononcera en fonction du projet. Mais la Belgique a encore et toujours besoin de travailler sur les dossiers socio-économiques, sur l’adéquation entre l’offre et la demande d’emploi. Ce n’est qu’en créant des richesses qu’on pourra les redistribuer. Je m’inscris dans cette dynamique.
Vous êtes donc favorable à la continuité de la suédoise ?
Je suis favorable à la continuité d’un projet.
Le vote sur le budget 2019 a lieu jeudi. La N-VA doit-elle l’approuver ?
Les parlementaires votent librement. Mais on se souvient que le budget a été approuvé en commission parlementaire et qu’il a été défendu par moi-même et par le ministre des Finances, le N-VA Johan Van Overtveldt. Il me paraîtrait logique qu’on se positionne de la même manière ensuite. Chacun devra prendre ses responsabilités et expliquer sa cohérence ou son incohérence…
Quelles sont les conséquences d’un rejet du budget ?
Un budget est la capacité donnée à un gouvernement de mettre en place des nouvelles mesures. En 2019, ce sont des travaux supplémentaires dans le RER, des investissements pour la Défense et la police, il y a aussi l’enveloppe bien-être qui prévoit l’augmentation des allocations minimales pour 350 millions d’euros, etc. Il ne faut pas se tromper, hein. En plus, nos budgets sont évalués par la Commission européenne. La Belgique risquerait d’être confrontée à des problèmes importants. Je dis : attention aux directions qui sont prises !
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“Soit l’opposition travaille avec nous, soit avec la N-VA”
Le Premier ministre doit-il demander un vote de confiance au Parlement pour son gouvernement, comme le lui a demandé une large majorité des députés mercredi dernier ?
On peut s’interroger sur la sincérité de l’opposition quand elle demande un vote de confiance. Elle sait très bien que le gouvernement ne peut pas venir en trois jours avec un nouveau programme complet. Ça n’a pas de sens. Si l’opposition souhaite tester la légitimité du gouvernement, elle peut faire un vote de méfiance. Ça fait partie de ses prérogatives.
Charles Michel pourrait demander un peu de temps et présenter un programme en janvier.
Je ne préjuge pas de la suite des événements. Mais, si les partis de l’opposition veulent que les choses évoluent de manière difficile pour le pays, il faudra qu’ils prennent leurs responsabilités et fassent le choix d’un vote de méfiance. Et, à ce moment-là, ils provoqueront des élections anticipées.
Pas forcément. Le gouvernement serait démissionnaire, mais il pourrait se contenter d’exécuter les affaires courantes jusqu’au 26 mai, le jour prévu des élections.
Les affaires courantes sont une conséquence, elles ne sont pas une option. Quand on exerce des responsabilités, on ne peut pas prendre comme option le fait de s’empêcher de prendre de nouvelles initiatives, d’insuffler de nouveaux accents à la trajectoire qui avait été décidée (un gouvernement en affaires courantes ne peut pas initier de nouvelles politiques, NdlR). Quand on entend 75 000 manifestants attirer l’attention du politique sur les défis climatiques et qu’on m’oppose comme réponse les affaires courantes, ça n’a aucun sens.
Voulez-vous dire que, si la méfiance est votée, le gouvernement convoquera des élections anticipées ?
Pas nécessairement. Mais un gouvernement démissionnaire ne sera pas en capacité d’agir. Il faut savoir ce qu’on veut. Le vrai choix, c’est : voulons-nous, oui ou non, faire avancer le pays ? Nous, on veut continuer à avancer.
Le choix de la N-VA sera décisif. Vu les dernières déclarations, elle risque de voter contre le gouvernement. Vous avez des indications sur ses intentions ?
Je n’ai aucune indication. Et ceux qui tentent de faire croire qu’il y a des accords secrets avec la N-VA dans le cadre d’un faux divorce complotiste, ils racontent n’importe quoi. Mais je voudrais aussi dire que l’opposition a une autre option, c’est la motion de méfiance constructive (où elle propose le nom d’un nouveau Premier ministre, NdlR). Mais ils ont besoin d’une majorité pour proposer un remplaçant au Premier ministre. Et là, ils se rendent compte qu’ils n’ont pas d’alternative. C’est pour cela que nous, nous rentrons dans une dynamique positive pour l’État, positive pour les citoyens, nous ne souhaitons pas l’immobilisme. Nous voulons travailler avec des majorités qui peuvent se construire autour de sujets importants. Le Premier ministre a cité les trois axes : pouvoir d’achat, sécurité et climat.
Est-il est possible de travailler avec l’opposition sur des sujets concrets ?
Fondamentalement, oui.
Mais elle n’est pas très réceptive.
Il ne faut quand même pas qu’ils oublient que soit ils travaillent de manière constructive avec les partis du gouvernement minoritaire, soit ils travaillent avec la N-VA. Il ne faut pas se tromper. Ils n’ont pas beaucoup de choix. Notre objectif, c’est de travailler ensemble dans l’intérêt des citoyens. On ne peut pas dire qu’on ne veut pas d’élections anticipées et tout mettre en place pour qu’on y arrive.
PS, CDH et Écolo disent qu’un travail commun n’est possible que si l’exécutif change de feuille de route. Ce n’est pas son intention.
On n’enlèvera pas les résultats positifs de ce gouvernement. La situation actuelle, on la regrette, mais nous avons engrangé un bilan solide. Les 219 000 emplois créés, ils n’ont pas disparu avec le départ de la N-VA du gouvernement. Cela dit, nous sommes en fin de législature, avec un gouvernement minoritaire. C’est pour cela que nous avons concentré les points sur lesquels on pense pouvoir répondre aux attentes des citoyens. Les gens dans la rue, ils ont parlé de pouvoir d’achat et de climat.